jeudi 16 avril 2009

Salvador (BAHIA, BR, LATITUDE 13°SUD)

J’ai une goutte de sueur qui s'engouffre dans mon dos
Salvador me pénètre et lentement je me laisse pénétrer
Candomblé à Federação
« Ici, on ne bande pas, Monsieur, non, non, on prie… »
J’entre dans la salle
Je marche sur un parterre de feuilles d’eucalyptus
L’odeur est enivrante
Le soleil se couche
J’entre en transe
J’ose j’entre
J’entre dans la transe
J’m’en foutr’j’entre
Transe s’en foutre
Foutre d’la transe
Danse le foutr’
À travers moi
À travers transe égal transe traversée
Et entre transe et moi
Et entre transe et transe
La transparence
Rance
J’entre en rance
J’rentre en France
J’ose
Je rance
L’eau rance
L’eau danse
L’outrance
Transe pourrie
Transe qui pue
Transe qui sue
Transe qui suinte
Transe partout
Transe toujours
Transe conspire à me nuire

Revenu, transpirant, dégoulinant, mon corps chahuté
Passent trois robes
Le Dieu a voulu me prendre. Des filles et des garçons s’approchent par bandes. N’entrent pas dans la salle. Restent à l’extérieur. Attendent et regardent. Regardent par la fenêtre. Attendent la transe.
Vomi, vomi du presque rien, de la bile. Rien ne passait dans l’estomac, tout s’est bloqué, le riz, impossible de respirer, pas d’eau dans la pièce, uniquement des refrigerante. Sergio me soutient. Autour de moi la Mère des Saints et les Filles des Saints. J’ai besoin d’eau, j’étouffe. Une Fille des Saints va me chercher de l’eau, je ne sais pas si je peux attendre, le barrage du riz m’étouffe, j’ai envie de sortir de la maison, il faut trouver n’importe quel conduit pour ma respiration ; Dehors le feu, il a plu. Je suis trempé par la pluie et autrefois, dans un temps proche, par la sueur. Le Dieu a pénétré dans la pièce, couronne et attributs. L’ambiance s’est exaltée. Je me suis effondré sur le banc.
Je vois la main de Sergio. Je ferme mes yeux. Les tambours frappent. C’est le retour du Dieu. Un corps s’effondre près de moi et tombe en transe. Je respire fort. J’ouvre mes yeux.

J’ai
Une boule entre les deux seins
Sous la peau
Qui bloque
Qui stoppe
Impossible d’avaler
Le conduit
Est fermé
La boule
Revient
Le conduit se
Ferme
Ma respiration est coupée
Je
Me lève
Me plie en deux
À quatre pattes
Je gerbe dans les plates-bandes
J'ai tellement bouffé de cultes ici que j'en ai la diarrhée et aucune possibilité de stopper l'hémorragie. Les tambours me sortent par les yeux. Le vacarme des chantiers de partout et les immeubles qui grimpent à vue d'œil.
Tempête
Le taxi évite les flaques. Ce ne sont plus des flaques. Des petits lacs et des ruisseaux sur la chaussée qui la rendent dangereuse. L’océan est furieux. Les réverbères sont encore éclairés. Nous roulons vers Rio Vermelho.

Gilles Pastor, Salvador, Avril 2007

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